Elisha Ahkisro

II. Le faux jumeau

Ou quand naît l’indésirable petite Chose.

Le nouveau-né ouvre un œil, puis l’autre, et pose son regard sur le plafond. Allongé sur le dos, il se sent comme dans un cocon, et à la sensation confuse d’être en sécurité, protégé de tous les dangers. Il gazouille quelques secondes, puis tourne son regard vers l’autre. Curieux, il ne veut pas rester à la contemplation d’un plafond blanc, le truc à côté de lui est beaucoup plus intéressant. C’est calme, ça ne bouge pas, et ça à le regard fixé au plafond. Parfait. Le petit en profite pour la détailler, surtout son visage. C’est bizarre ce truc. Il tend le doigt pour le toucher, mais la chose de tourne vers lui, et le fixe de ses deux yeux froids. L’instinct du poupon, plus fort que tout, lui ordonne de reculer, de se rendormir, de ne plus s’intéresser à ce truc si … familier et étrange à la fois.

Mais il ne le fait pas. Ou n’en a pas le temps. Tout ce qui reste dans sa mémoire, c’est la main du monstre qui s’approche de lui, et le noir. Le second bébé, car s’en est bien un, se détourne, et retourne dans la contemplation intensive du plafond. Sans un regard de plus pour le petit être en position bizarre, à ses côtés. Puis, le second poupon s’endort, d’un doux sommeil sans rêves…Et personne ne voit la silhouette s’approcher des deux faux jumeaux. Personne ne voit cette femme angélique ce saisir du petit garçon, et le bercer doucement, avec tendresse, en lui caressant les joues. Puis la femme recule doucement, près du balcon, sans regarder en arrière. Et trébuche. Bêtement. Et dans l’instinct le plus vil qui soit, elle lâche l’enfant, pour se ramasser à l’aide de ses mains. Elle venait juste d’être mère. Elle était déjà une meurtrière.

La suite fut floue. Des cris, des pleurs. Des accusations, des coups mêmes…Ce jour, où deux petites créatures à une aile naquirent, changea la vie de deux personnes. Anya, en devient folle. Elle avait tué son enfant, mais un examen montra qu’il était déjà condamné avant qu’elle le lâche…Son esprit brouillé par la folie qui la consommait, rendit coupable Elisha…Qui l’était sûrement. A partir de là, la pouponne devint indésirable. Sa mère ne voulait plus en entendre parler, et son père avait une tendance à se défouler sur n’importe qui, ou n’importe quoi. Et ce fut quasiment les seuls contacts qu’ils eurent ensemble. Sauf quand il l’a félicitait…Mais, ça, c’est un chapitre prochain. Ce qui ne change pas le fait que ni l’un ni l’autre ne voulait désormais d’Elisha. Et, dès le plus jeune âge, avec le sentiment de ne pas avoir d’importance, elle se sentit comme une petit Chose.

Une Chose d’autant plus indésirable, qu’elle avait provoqué en quelque sorte la mort du couple. Il s’était aimé, mais maintenant leur amour était brisé. Par la folie, la douleur, et la tristesse… Tout ça, à cause d’Elle. Ce sentiment confus, fort dans ses premières années, s’amenuisât pour s’enfouirent profondément…

III. Mort prématurée

Ou perte d’un être (relativement) cher.

La petite fille sentit une larme quitter son œil, et descendre lentement le long de sa joue… D’un geste vif de la main, elle l’essuya, et s’approcha lentement du corps. Avec toute la dignité qu’une fillette de trois ans pouvait avoir, elle retint une mèche de ses cheveux blancs, et se pencha vers le visage inanimé de sa mère. Doucement, elle posa ses lèvres sur son front, avant de reculer. Essayant d’imiter le visage de marbre de toutes les personnes présentes, elle se mura dans son chagrin, en attendant la suite de la cérémonie. Sa maman…Sa maman était morte. Sa belle maman…Sa douce maman…Sa maman Ange… Oui, sa maman était comme ça, avant… Avant qu’elle naisse. Avant qu’elle devienne folle à cause d’elle. Pauvre maman…

Sa mère était morte à cause d’elle….Sa vie était celle de sa mère…Elle devrait mourir. Ainsi, peut-être sa mère revivrait à nouveau. L’idée de se tuer maintenant, tout de suite, devant l’assemblée réunie, l’effleura un instant, mais elle rejeta l’idée…ça devait faire mal, quand même. Elle verrait ça plus grande…

S’évadant à petit pas discret, la petite fille courut ensuite jusqu’à son petit havre de paix, un endroit un peu éloigné, où elle pouvait faire ce qu’elle voulait. Et en l’occurrence, pleurer…

IV. Exemple d’une journée type

Ou quand on voudrait bien rester sous sa couette.

La petite fille sentit les rayons du soleil se poser sur elle, et elle grogna. Elle ouvrit un œil, puis l’autre, aveugler quelques instants par la lumière du soleil…Puis les referma de suite. C’était bien ce jour. Aujourd’hui, elle avait huit ans. Aujourd’hui, elle avait un p’tit frère. Aujourd’hui, elle devait quand même s’entraîner. Elisha avait eut beau dire à son père que n’importe quel autre Kamael n’aurait pas suivit d’entraînement le jour de son anniversaire et de la naissance de son petit frère, elle n’avait récolté qu’une baffe, et l’habituelle phrase : « Tu n’es pas tout le monde ! Et c’est moi qui décide ! »

Pfff…Elle n’avait pas envie de travailler. Elle se sentait las, la petite. La jeune fille avait encore des courbatures à quasiment tous les muscles…Et dire qu’elle croyait qu’elle allait s’y habituer. Même pas. A 8 ans, Elisha détestait ces entraînements quotidiens, qui faisaient appels à son intellect et à sa force physique…Séparément, et des fois les deux à la fois. Plus tard, ce genre d’exercices deviendra automatique.

Restant encore quelques secondes sur sa couche, elle finit par se lever, avec l’absolue conviction que si elle ne se bouge pas, une nouvelle cicatrice s’ajoutera sur son corps d’enfant. Brrr… Elle en avait froid dans le dos. Passant distraitement un doigt fin sur la dernière en date, elle se prépare. Rapidement, car jamais on ne lui a appris que les dames peuvent prendre du temps pour leur toilette…

Après avoir enfilé des habits légers et confortables, Elisha se rendit aux lieux d’entraînements. Aujourd’hui, elle était la seule enfant…De toute façon, même quand elle ne l’était pas, elle n’avait pas le droit de leur parler. Ils ne le voulaient pas. En chemin, elle attrapa un fruit juteux suspendu à une branche, et en croqua un bout…Le goût n’était pas exquis, mais elle aurait assez de force avec pour la matinée…

Un homme se trouvait devant elle… Il la regarda arriver, l’œil mauvais, et la jeune fille baissa instinctivement les yeux. Et elle avait raison, si elle avait posé son regard sur le visage de l’homme, il lui aurait mis une baffe…En silence, elle attendit les ordres…

-Aujourd’hui, triathlon. Couse de longue durée, combat à mains nues, nage.

-Oui, maître.

-Une heure de course à allure constante. Top chrono.

La petite fille commença à courir, maudissant pour les 1000 générations à venir son précepteur…Quand elle serait grande, quand elle serait forte, elle le tuerait. De ses propres mains. Mais il n’aurait pas le droit à une mort rapide…Non, il allait devoir souffrir…Elle lui rendrait au centuple ce qu’il avait osé lui faire…Il mourra lentement, son agonie s’étendra sur des jours et des jours…Ainsi en avait-elle décidé. Pour oublier la douleur de ses muscles, pour oublier le temps qui passait trop lentement, les insultes de l’homme lorsqu’elle ralentissait, Elisha imaginait. Elle se plongeait dans son monde, son monde d’enfant. Et elle imaginait des tortures raffinées, des tortures qui pourraient lui faire plaisir…Chaque jour, elle en imaginait une nouvelle, mettant à profit son imagination très… visuelle pour que chaque détail soir parfait…Un jour, elle trouverait LA torture idéale…Et « Maître » serait le premier à l’expérimenter…

-1h00. 10 minutes de pause.

Dix minutes de pause ? Ce n’était pas énorme…Essoufflée, la petite s’allongea a même le sol, pour reprendre son souffle. Puis, elle s’étira, et se prépara mentalement à la défaite. Les combats à mains nues, elle aimait bien…Mais, pas quand elle se battait contre son précepteur…Et pas d’enfant à l’horizon signifiait que ce serait lui, son adversaire…La poussière allait devenir sa prochaine compagne pendant l’heure suivante…Elle soupira…Et se mit en position.

-Tu as 10 tentatives pour toucher le foulard, dit-il, avant de le nouer à la hauteur de ses hanches…

~¤~

20 heures.

Après trois d’entraînement physiques intensifs, deux heures d’apprentissage, et deux heures de réflexion tactique, elle avait eu enfin le droit à 3 heures de quartiers libres… Où elle avait été priée d’assister à l’accouchement de sa belle-mère…Cette femme qui avait remplacé sa si belle maman dans le cœur de son père…Cette femme qu’il avait enfanté, comme si elle, Elisha n’existait pas, cette femme qui allait avoir un fils. Ce fils, se serait son demi-frère. Elle espéra pouvoir le tuer, lui aussi. Mais pas tout de suite, car même si c’était facile de supprimer un nouveau né, son père et sa nouvelle conquête était assez forts pour la tuer…Ou même pire, lui faire très mal…Il fallait attendre qu’elle soit plus puissante…

D’ailleurs, en y pensant, ça l’énervait de devoir toujours attendre…Attendre, attendre…Attendre qu’elle soit grande, qu’elle soit plus puissante ! Attendre, toujours attendre ! Cette impuissance la faisait rager. Pourquoi devait-elle être petite ? Pourquoi devait-elle être faible ? Pourquoi devait-elle être aussi Indésirable ?

Sentant les larmes lui monter aux yeux, elle chassa ces interrogations de son esprit, tout en regardant le nouveau né brailler. Pff…Il ne pouvait pas se taire ? Et puis…Il ne lui ressemblait pas du tout. Il était moche….Détestable. Comment ils pouvaient accepter ce truc ? Ils… Ils… Elle n’eut pas le temps de finir sa pensée, car un bâillement sonore s’échappa d’entre ces lèvres, et que sous les regards accusateurs, elle dut se résoudre à battre en retraire, direction sa chambre …
Enfin seule, elle s’endormit, du sommeil du juste…Non, de l’innocent… Non… Elle s’endormit tout court.

V. Tortures physiques

Ou quand utiliser son pouvoir n’est pas vraiment conseillé pour la santé…

-AIEEEEEUH !

-Tiens-toi droite !

-Mais j’ai mal !

-Tiens-toi droite !

Sous la douleur, Elisha se releva, et se mit droite. En face d’elle, son précepteur, assez furax… Mettant fin à ses gémissements en retenant son fouet, il regarda la jeune fille d'une douzaine d'année. Ses entraînements avaient portés leurs fruits : elle était devenu fine, élancé. Et même si elle montrait souvent preuve d’insolence, elle était une bonne élève. Insolence qu’il s’était mis dans la tête de supprimer. Et pour ça, il avait décidé de commencer par la réduire à néant. L’humilier publiquement. Lui montrer ses faiblesses, pour mieux la mater. Mal lui en pris. A 12 ans, la jeune demoiselle ne maîtrisait pas bien ses pouvoirs…Qu’elle n’avait d’ailleurs pas tous découverts…Et malheureusement, le précepteur en avait fait les frais.

C’était un matin, lors de l’entraînement physique. Il devait la combattre à mains nues, en y mettant sa pleine puissance, sans retenir ses coups. Elle n’avait aucune chance…S’il n’y avait pas eu un imprévu. Ils étaient face à face, à quelques centimètres de distance, lorsqu’il l’avait regardé dans les yeux…Et qu’elle avait déclenché son pouvoir. Charme Machiavélique. Surprit…Il n’eut pas le temps de résister… Quand il reprit conscience, il était allongée sur le sol, maintenu fermement par la jeune fille à califourchon sur lui. Pas longtemps, parce qu’une fois ses esprits retrouvés, il la mit K.O rapidement. Il ne sut jamais ce qu’elle lui avait fait, lorsqu’il était en son emprise…

Mais l’humiliation fut assez forte pour que sitôt le combat terminé, il l’emmena dans un endroit un peu particulier. Reculé, Elisha constata avec horreur que c’était son havre de paix, petite…Elle ne devait plus jamais y remettre les pieds. Pour la faire souffrir, pour se venger, ou peut-être même pour se faire plaisir, il la tortura. Pas de grandes souffrances qui laissaient des séquelles…Mais assez forte pour qu’elle ait peur, qu’elle ait mal, même. Il avait imposé une condition : il arrêterait de la torturer lorsqu’elle se jetterait à genoux à ses pieds, et demanderait d’être épargnée. Pas avant.

Trop fier, la jeune fille de douze ans n’avait pas l’intention de lui obéir. Elle résisterait. Mais ne se plierait pas à ses obligeances. Dénudée devant lui, ses cheveux blancs salis par la poussière, elle était pitoyable. Elle hurlait, elle criait, elle gémissait même, mais ne prononçait pas la demande de pardon. Etait-elle prête à mourir ? Sûrement. Elle pensait même que ce serait un soulagement. Mais elle n’en eut pas l’occasion. Car une paire de yeux capta une partie de la scène…Ils appartenaient à Darghniel, son demi-frère. Il avait quatre ans. Et devant l’image de sa sœur en train de se faire battre, il courut voir son papa. Pour lui dire qu’il y’avait comme qui dirait un problème…Et pas qu’un petit.

Alors que son précepteur entaillait sa peau pâle avec ses longs ongles, prêt à les enduire de miel pour les empêcher de se refermer, Azergnor arriva. Et le spectacle qu’il vit le fit pâlir. Sa fille, qu’il aimait, même s’il ne le montrait pas, était en train d’être tuée à petit feu par son précepteur…Un homme sensé être juste et intransigeant. La sentence tomba.

L’homme n’eut pas le temps de crier. Il était déjà mort. Azergnor avait un pouvoir formidable : la Forme Finale. Affaiblie, il attrapa sa fille en pleure, et commença à la bercer doucement…

VI. Toutes les premières fois

Ou Toutes les premières fois XD

Elisha devait avoir 17 ans maintenant. C’est un peu près l’âge qu’on lui donnerait en l’a voyant. Elle était devenue belle, et attirante… Ce jour, était un jour particulier. Aujourd’hui, son frère avait dix ans. C‘était son anniversaire. C’était aussi le sien d’ailleurs. Pour sa majorité, elle avait eu le droit de faire une belle, une grande fête ! Mais en échange, devait supporter son demi-frère et ses amis. Elle avait les siens –tous rencontré après ses douze ans, lorsque son père avait commencé à la « socialiser »-, heureusement, pour lui faire oublier ce menu inconvénient. Les amis de son frère, ses amies, ses autres amis, la famille…Ils devaient bien être une cinquantaine… Sans oublier sa préceptrice. Depuis l’incident tragique lors de ses douze ans, c’était une femme qui la coachait. Une femme qui avait l’air douce et gentille… Mais qui n’en avait que l’air. Au moins, elle était efficace, et avait fait d’Elisha une personne avec de l’avenir. Il y avait aussi le fils aîné de la compagne de son père. Un garçon d’une vingtaine d’année, qu’elle n’avait quasiment jamais côtoyé.

Tout ce petit monde rassembler allait faire la fête dans une grande salle, préparée pour l’occasion. La musique, la boisson…Tout était là. Il ne manquait rien. Elisha, qui s’était faite belle pour l’occasion était resplendissante. Bien vite, les adultes désertèrent la soirée, pour aller s’amuser un peu ailleurs. Les petits aussi s’en allèrent…Il ne resta que ses amis, et la préceptrice, qui avait pour tâche de la surveiller discrètement. C’était la première fois qu’Elisha s’amusait autant. C’était la première fois qu’elle voyait autant de monde, qu’elle avait le droit de côtoyer autant de monde. Enivré par tant de nouvelles sensations (et par l’alcool qu’elle avait bu XD), elle trouvait Jhyl, le fils de la nouvelle femme de son père, de plus en plus à son goût. A sa façon, lui aussi était beau, et la jeune femme avait l’air très réceptive de ce genre de beauté, ce soir là…

Il avait l’air très réceptif aussi, car il l’emmena dans une des chambres. Abandonnant sans vergogne ses invités, elle le suivit…La porte se referma sur eux, alors qu’ils s’embrassaient fougueusement… Ils s’embrassaient et s’embrassaient, assouvissant leur brûlante et soudaine passion. Puis Jhyl, bien plus entreprenant qu’elle, commença à la dévêtir, alors que leurs baisers étaient devenus langoureux…Une fois tous les deux dénudées, Jhyl au-dessus d’elle, ils s’aimèrent…

~¤~

Ce jour était encore une première fois…En ce jour, elle était considérée par puissante aux yeux de sa race. Et pour la glorifier, la félicitait, une arme était forgée spécialement pour elle…Une arme magique…A rajouter à ses quatre autres pouvoirs…Cette arme, en ce jour bénis des Dieux, serait son complément…Cette arme serait parfaite…Elle avait hâte de l’avoir entre les mains.

Elle avait dix-neuf ans…Majeure depuis un an…Elle était enfin libre de ses actes.

Elisha, habillée en tenue de guerrière, avança…Ses mains tremblaient légèrement, et elle serra les poings pour le cacher. L’angoisse et le stress lui faisait contracter le ventre, alors qu’elle attendait avec impatience… Et enfin, le moment arriva. Fière, elle rentra dans la pièce où était entreposée son arme…Et la porte se referma derrière elle. Personne n’avait le droit d’être présent lorsqu’un Kamael découvrait son arme…Une tradition, très certainement…

La jeune femme gravit quelques marches en pierres, rongés par le temps et la mousse, monta ensuite sur un petit promontoire, avant de voir un bloc de glace, finement ouvragé. Et sur ce chef d’œuvre naturel, était posé un tissu de velours pas tout à fait pourpre, pas tout à fait rose…Mais d’une couleur en approchant. En dessous, se trouvait son arme. Elle savait déjà laquelle se serait. Si elle maîtrisait beaucoup de sorte de combats, elle était la meilleure à l’épée. Sans un bruit, elle souleva le velours et admira, bouche-bée. Devant elle, se tenait une épée…Indescriptible. La poignée était fine et finement ouvragé, parcouru de fil d’argent, formant des runes incompréhensibles. La garde faisait penser à deux piques recourbé, au fil tranchant comme un rasoir. Sur la base de la lame, trois rubis brillaient de mille feux. Ils avaient l’air légèrement translucide, et étaient placés en triangle. Poursuivant son exploration, elle eut le déplaisir de s’entailler le doigt lorsqu’elle le passa sur la pointe. Aussitôt, les trois joyeux se mirent à briller faiblement, et aspirèrent le sang qui coulait de son doigt. Incrédule, elle les vit reprendre un peu de couleur…

Ne se familiarisant pas de l’étrange chose, elle attrapa la poignée, et remarqua à la lumière qui filtrait que la lame était blanche. D’un blanc pur comme la neige, ou comme les nuages du paradis…Comme ses cheveux en somme. Puis, elle remarqua le fourreau. Blanc, lui aussi, des fils d’argent s’entrelaçaient sur la partie du milieu. La Chappe et la bouterolle était couleur rubis. Elle attacha le fourreau autour de ses hanches, puis y glissa l’épée, alors que le nom s’imposait de l’arme s’imposait de lui-même : Etoile du Matin. L’inspiration lui était venue comme ça… Mais elle savait que ce serait son nom… Ça sonnait bien, en plus !

Laissant le bloc de glace, et le tissu de velours, elle fit demi-tour, et se dirigea d’un pas ferme vers la porte. La laissant se refermer toute seule, elle remarqua combien il faisait chaud dehors… Elle ne s’était pas rendu compte que la salle était si glacée.

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Elisha avait 27 ans. Elle avait envie d’un enfant. Et elle était enceinte. Pour la première fois. De huit mois et trois semaines. Son père ? Peut importe, il n’en voulait pas de cet enfant. Et puis, il n’avait pas apprécié de s’être fait charmer pour permettre à Elisha d’avoir un enfant. Elle avait du le cogner un peu pour qu’il comprenne qu’il n’aurait pas le droit de le tuer. Mais, c’était de l’histoire ancienne. Le plus inquiétant, en ce moment, c’était que son père était aussi contre cet enfant. Il voulait qu’elle pense à sa carrière, à sa place dans l’armée du Matsudai. Et, à a peine 300 ans, il était en pleine forme. Toujours belle homme, toujours aussi fort, il ne voulait pas que sa fille gâche sa vie pour un enfant. Elle regretterait après, il en était sûr. Alors, il prit une décision. Lorsque sa fille accoucha, et qu’elle s’endormit, son bébé dans les bras, il lui prit, et s’en alla.

Le lendemain, le cri de rage de la jeune femme résonna dans tout l’hôpital. Elle faillit tuer tout ceux qui osaient dire qu’ils ne savaient pas où était son enfant, mais se retint, au prix d’un grand effort. Jusqu’à ce que son père arrive. Avec un cœur. Un cœur tout petit, un cœur qui tenait dans sa grande main. Un cœur de nourisson. Des éclairs dans les yeux, Elisha se jeta sur lui :

-Où est-il ? Où l’as-tu-mis ?! Réponds ! RE-PONDS !!!

Mais son père de marbre, se contenta de l’assommer, et de la ramener chez lui. Il la déposa dans un lit, et attendit près d’elle qu’elle se réveille. Il n’aurait pas dû. Lorsqu’elle reprit conscience, et vit le petit cœur desséché à son chevet, elle se transforma. C’était la première fois qu’elle utilisait sa forme finale. Remplie de rage et de fureur, il ne put contenir les assauts meurtriers de sa fille, et s’écroula à terre, plus mort que vif. Se retransformant, elle ne s’évanouit pas, mais extrêmement fatigué s’endormit dans une chambre à côté. A son réveil, son père avait disparu, bien que des trainées de sang lui prouvèrent qu’il n’en aurait plus pour très longtemps. Avec dédain et tristesse, elle quitta la maison de son enfance, pour ne plus jamais y revenir. Ainsi, ne sut-elle pas que c’était le cœur d’un lapin que son père lui avait présenté. Ainsi ne sut-elle pas que son enfant n’était pas mort. Ainsi ne sut-elle pas que son père était encore vivant…

VII. Ascension sociale

Ou Epreuves musclées


A 40 ans, toujours aussi fraîche qu’à ses vingt, Elisha allait postuler pour le poste le plus important qui soit. Non, pas Empereur XD on ne postulait pas pour ça, mais pour être Bras Droit de l’Empereur (on sent les majuscules quand c’est dit ). Mais, ce n’était pas une embauche normale. On ne passait pas un rendez-vous avec le Directeur pour lui donner son CV et lui dire à quelle heure on vient travailler… Non, là c’était légèrement différent. C’était des combats à morts entre prétendants. Et que le meilleur gagne !

Tout le monde pouvait proposer sa candidature pour ce prestigieux poste, du moment qu’il se trouvait assez fort pour ne pas finir en morceaux. D’ailleurs, c’est comme ça qu’avait fini le dernier Bras Droit. C’est pourquoi il avait fallu…le remplacer. Si elle gagnait, elle se tiendrait sur ces gardes….Elisha finit par s’habiller, et se regarda dans le miroir. Ses cheveux blancs attachés en queue basse pour ne pas la gêner, ses yeux brillants de détermination, sa cotte de maille légère, ses plaques d’armure pour les membres importants… Oui, elle était prête. Etoile du matin à ses côtés, personne ne lui résisterait.

Les combats se passaient en public, dans une grande arène. L’Empereur assistait souvent au premier combat, pour faire état de présence, puis à la finale, pour regarder combattre son futur Bras Droit. La foule était constituée d’une partie de la population et de quelques personnages importants avides de massacres.

Elisha rentra dans l’arène…Et cinq minutes après, un corps disloqué gisait au centre du stade. Les combats se suivirent. Elisha gagnait, avec plus ou moins de facilité. Les jours défilaient, alors que les candidats se faisaient plus rares. Le nombre de mort augmentait considérablement. Les charognards avaient du prendre quelques kilos. Elle-même sentait la mort de partout. Ses rubis brillaient de mille feux après tout le sang qu’ils avaient absorbés. La finale arriva enfin. Un mois après le départ des combats, Elisha était de nouveau en train d’enfiler ses affaires. Elle ne connaissait pas le nom de son adversaire, mais avait décidé de combattre avec peu d’habits. Il faisait chaud, et elle avait besoin de toute sa rapidité et sa souplesse. Son aile était rentrée à l’intérieur de son corps, pour éviter de la gêner. Elle se regarda une dernière fois, puis se dirigea à pas pressé vers l’arène. Elle ne connaîtrait le nom de son adversaire avant de le voir sur la piste. Passant par les souterrains, elle émergea enfin, et franchit les grilles du stade.

Le brouhaha, comme à chaque fois, lui fit mal aux oreilles. Elle aperçut l’empereur dans les gradins, et s’inclina devant lui, avant de se poster au centre. Puis, la seconde grille s’ouvrit, et un homme en sortit. Répétant la même chose qu’elle, il s’inclina devant l’Empereur avant de se poster à vingt mètres d’elle. Son cœur accéléra quand elle crut le reconnaître, mais attendit l’annonce avant d’en être sûre…

-Elisha Ahkisro, gagnante de tous ses combats, postulante au titre de Bras Droit de notre bien-aimée Empereur Khalan Delyl , combat aujourd’hui Jhyl Ghanik, également postulant au titre de Bras Droit de l’Empereur. Le vainqueur sera celui qui aura le poste. Que le meilleur gagne !

Cette phrase était le signal de départ. Maintenant, tous les coups étaient permis. Maintenant, elle allait gagner ou mourir. Et elle se battait contre son amour de jeunesse. Contre son premier amour. Mais peu importait. Seule la victoire était importante. Alors qu’aucun des deux combattants ne faisaient un geste, elle lança la première attaque. La jeune femme pensait le gagner facilement, elle l’avait toujours trouvé plus faible. Mais elle se trompait : il avait en lui une force insoupçonnée. Et jouant le tout pour le tout, il se mit à attaquer de toute sa puissance dès le début. Soit il la gagnait tout de suite, soit il était un homme mort. Et il gagnait…Submergée par la puissance de son adversaire, la jeune femme ne paraît que difficilement les coups qu’il lui portait, et une première blessure apparut sur sa jambe. Son épée absorbant automatiquement le sang, elle grimaça sous la douleur, et redoubla de précaution. Il fallait qu’elle fasse durer le combat. C’était le seul moyen de le gagner.

Au moment où l’ordre muet atteignait son cerveau, elle se rendit compte de son erreur. Son arme. Son arme pouvait la tirer d’affaire. Elle avait amassé un nombre de litres de sang impressionnant depuis le début des combats. Autant s’en servir. Sortant un petit couteau, elle s’ouvrit la peau. Les rubis, réagissant immédiatement à son ordre muet, avalèrent le sang, et se mirent à briller...Le sang se préparait à être expulsé...Une dizaine de secondes passa, pendant lesquelles la jeune femme esquivait les attaques de son ancien amant du mieux qu'elle pouvait, se faisant tout de même blessée. Puis, le pouvoir jaillit, et tétanisé par le froid, Jhyl tomba à genoux, puis s'effondra sur le sol. Saisissant son arme, elle lui coupa la tête.

Subissant le contrecoup, la jeune femme s’écroula aussi pendant quelques minutes, enfouissant sa tête entre ses bras…Puis, elle se releva, et faisant face à la foule, la salua. Elle était le nouveau Bras Droit.